Un Kami qui a toujours la tête ailleurs... [ Ft. Akamitsu Nitsima ]

Un long soupir. Un regard vers l'extérieur. Il l'a raté aujourd'hui. Le lever du soleil s'est fait sans lui. Une certaine tristesse se lisait dans son regard. Il n'était pas vraiment dans son assiette. Il baissa les yeux. Aujourd'hui serait certainement un jour sans. Se redressant lentement, il observait son colocataire qui ronflait toujours. Pas de réveil pour lui. Son estomac gronderait certainement durant les cours, il lui en voudrait certainement. Mais il n'avait pas l'humeur à ça, aujourd'hui. Et qu'il le déteste seulement. Au moins, il aurait la chambre pour lui tout seul. Il n'était qu'un Apprenti Exorciste Soigneur. Face à lui, il ne valait rien. Sans comparer les techniques, Akamitsu avait toujours une certaine avance sur son "ami". Cela avait toujours été ainsi et cela ne changerait certainement pas. Se remettant sur son travail de pharmacologie, il le boucla assez rapidement. Rien de bien difficile. Son estomac gronda. Il lâcha un soupir. Il s'était endormi brutalement la veille. Et il n'avait pu terminer son travail. Il avait préféré le boucler avant de manger. Il regarda son réveil. S'il fonçait assez vite, il pourrait avoir un petit truc dans le ventre avant de commencer la journée.

Sortant les deux armes de son tiroir, il les prit dans une main avant de prendre sa veste. Passant déjà la porte, il se mit à courir à travers les couloirs de l'Académie, enfilant sa tenue et rangeant ses deux armes à l'intérieur de ses poches. L'arme déchargée dans la poche droite, la chargée dans la gauche. Une habitude quand il n'était pas en mission. Sautant parfois quelques marches, il arrivait enfin dans le dernier couloir. Au bout, les portes du réfectoire. La délivrance pour son estomac. Evitant un groupe de jeunes filles qui parlaient certainement de ragots, il courut jusqu'à la porte qui, s'il n'avait pas eu un geste pour la bloquer, lui rentrait en plein dans le front. Déjà, cela le remettait d'une mauvaise humeur. Voilà pourquoi il préférait venir en premier, quand personne n'était là. Il ne risquait pas ce genre d'incidents. Il ne risquait pas de prendre une porte qui s'ouvrait. Il ne se souvenait pas de la tête de la jeune fille. Certainement une de sa classe. Il n'en était pas certain. Il n'aurait su le dire avec exacte certitude. Elle venait de lui demander s'il n'avait rien eu et déjà, il devait parler. Alors que bientôt, les derniers repas seraient achevés. Un peu sur les nerfs, il lui répondit assez sévèrement.

>> Non, non, tout va bien.
Il observait les derniers plats. Il reprit la parole de ce même ton sec.
>> Tu ne peux pas me laisser passer que je mange un peu. Et si tu veux, on parle pendant que je mange !

Déjà, le sourire de la jeune dame disparaissait après le ton sec d'Akamitsu. Elle ne semblait pas apprécier qu'on lui donne des ordres, certainement. D'un ton aussi sec que le sien, elle le laissa finalement entrer dans la cafétaria. Et sans demander son reste, il partit en direction des plateaux, se faisant servir un des derniers repas. Il avait remarqué le fait qu'elle était une Dragon. Notamment par l'étui qu'elle venait de changer d'épaule. L'arme était trop grande pour elle. Mais ce n'était pas l'instant pour ce genre de commentaires. Avant le goûter. Il en avait bien besoin avant cette longue journée. Déjà qu'il avait mal dormi, une nouvelle rencontre n'était pas vraiment pour lui plaire en ce matin. Mais soit ... Elle lui avait cédé le passage, il lui parlerait donc. Elle lui proposait même un flan, qu'il n'eut pas le temps de refuser qu'elle prenait déjà les deux. Soupirant un instant, il décida tout de même de se joindre à la table de la jeune fille. Non loin de la baie vitrée, comme lui, ils avaient au moins le goût de l'espace vert.

Puis elle se remit un instant à lui parler, lui apprenant que cela était encore aussi bondé qu'à l'habitude. Comment aurais-tu pu le savoir ? A son habitude, il se réveillait plus tôt, avant que tout le monde ne soit réveillé. Ainsi, il était tranquille et mangeais dans le silence. Comme il aimait. Ici, il y avait bien trop de bruits. Mais il s'y faisait. Reprenant son plateau, il le rangea avant de retourner s'asseoir auprès de la jeune femme. Avec le ventre plein, l'humeur revenait. Même si le fait que ce soit aussi bruyant ne le rendait pas dans une grande joie. Enfin, maintenant, cela passait. Mieux que tout à l'heure, avant qu'il ne rencontre la fille. Il se rendait compte qu'il ne la connaissait pas. D'un air plus que froid, glacial, d'un regard sans sentiment, il lui tendit une main pour serrer la sienne.

>> Je me nomme Akamitsu Nimitsa. Et toi ?

Alors qu'il avait toujours une main tendue, elle le laissa ainsi plusieurs instants. Deux bonnes minutes où il dût attendre qu'elle réalise qu'ils étaient dans la même classe. Elle avait finalement donné son identité. Faith Aaran. Il ne la connaissait seulement que de nom. Et encore. Elle devait se trouver derrière lui dans la classe. Elle devait rester bien discrète s'il ne connaissait même pas son nom. Il ne la retiendrait certainement pas. Un coup de vent. Une brise. Elle ne resterait jamais dans une histoire. Déjà, son regard froid jugeait la personne. Simple. Banal. Elle était Dragon. Cela se remarquait dès le début. Et cela s'arrêtait certainement là. Ne bougeant pas d'un pas, il haussa un sourcil quand une petite boule verte traversa son champ de vision. Ainsi, personne ne le laisserait tranquille. Déjà, il avait mis une main dans sa poche gauche. Avant de lentement la retirer remarquant qu'aucun être humain n'avait remarqué la présence. Un esprit, certainement. Relâchant lentement la gâchette, il observa la jeune femme faire. Il n'avait pas peur, ni même une quelconque crainte. Il se révélait que cela semblait être un lutin. Rien de plus. Comme si cela n'était déjà pas assez ennuyeux comme journée, il fallait que cette dernière soit plombée par les rencontres qu'il y faisait.

La jeune femme avait décidé d'enquêter sur les frayeurs du petit personnage vert. Il soupira. Autant régler l'affaire rapidement. Observant un instant l'assemblée des humains, il rigola intérieurement. S'ils savaient ce qui se passait vraiment dans l'Académie. Puis il se détourna. Suivant la jeune femme d'un bon mètre derrière. Ayant soigneusement mis ses mains dans ses poches, il gardait l'une de ses armes chargée et prête à tirer en cas de malencontreuse rencontre. Il n'était pas vraiment de bonne humeur. Et aider les gens en ce jour n'était pas sa meilleure idée. Mais au moins, il aurait la conscience tranquille. Il aurait aidé la jeune femme au lieu de la laisser dans ses propres problèmes. Mieux valait qu'il fasse cela à contre-coeur que d'apprendre qu'il aurait pu agir et qu'il n'avait alors rien fait. Soudainement, il remarquait que le couloir s'assombrissait. Beaucoup trop. Il jeta un oeil par les baies vitrées. Rien. Pas un nuage. Il chargea l'arme de sa poche droite par précaution. Un mauvais pressentiment. Il jeta un autre regard à celle qu'il suivait. Elle se laissait guider par le lutin. Mais où les conduisaient-ils ? Il ne pouvait s'empêcher que sa journée n'était vraiment pas la meilleure de sa vie. Au contraire, il la trouvait vraiment ennuyeuse. Même si ce lutin rendait la rencontre plus intéressante.

Ils continuaient de marcher en silence. Lui, il ne voulait pas parler. Ce n'était pas dans ses habitudes. On lui adressait la parole, il répondait. Par respect. On ne lui parlait pas. Pourquoi s'inviter dans une discussion ? Pourquoi en créer seulement une ? Que gagnerait-il ? Ce n'était de toute façon pas le moment de déranger la jeune femme qui semblait concentrée sur les directives que lui donnait toujours le lutin. Akamitsu venait même de se mettre en tête que l'esprit était seulement tombé de son trou. Il paniquait certainement pour rien du tout. Cela le lassait cette marche avant les cours. Soudainement, sa partenaire d'une journée s'arrêta. Lui aussi. Le couloir était trop sombre. Un petit groupe de gobelins apparurent des hauteurs pour les encercler. Aussitôt, par instinct. Le jeune homme se mit dos à la jeune femme. Déjà, ses armes étaient pointées sur deux des démons. Un geste, il les abattait. Un instant, il poussa un soupir avant de lancer dans un cri quelques mots à la fille.

>> J'espère que tu maîtrises ton arme ...
Lâcha-t-il d'un ton cassant.

Déjà, il se mit à tirer sur les deux premiers démons qui s'approchaient du duo. Avant de pointer son arme sur deux nouveaux. Ce serait rapide à abattre. Trop simple, même. Mais un petit entraînement, ainsi, au matin, cela lui plaisait bien. Au moins, cela le changeait de ses mornes habitudes. Certaines lui plaisaient. D'autres, pas. Il observait la dizaine de gobelins. Etait-ce cela la frayeur du lutin ? Là, il pouvait comprendre que ce dernier craignait les démons. Mais ce n'était plus l'instant pour réfléchir. Il devait agir. Pas seulement pour lui. Mais elle. Un peu d'action en ce matin. Un sourire glacial. En coin. Presque laid. Sale.

>> On commence ?